Pour les trois mois à venir, je ferai partie de l’équipe de l’INIA d’Alcalá de Henares, l’équivalent de notre INRA.

En premier lieu, où se situe donc cette petite ville espagnole?

situer alcala

Actuellement, je travaille dans le centre de l’INIA d’Alcalá, où se trouvent la ferme La Canaleja et la banque de semences nationale (que j’ai uniquement visitée). En juillet, je passerai quelques semaines à l’INIA de Madrid, où se trouvent les labos de mesures sur les sols de La Canaleja.

Commençons par une petite présentation de l’équipe de l’INIA.

  • La première personne dont j’ai fait la connaissance était Encarna, qui est venue me chercher à ma résidence en début de semaine. Comme tous les autres gens du centre, elle est de petite taille et joliment bronzée. Encarna a une trentaine d’années et est fort sympathique, se préoccupant de mon bien-être et de ma santé. Elle m’a notamment répété à peu près 300 fois de mettre de la crème solaire car « con tanta blanca que eres, vas a quemar! » (tu es si blanche que tu vas brûler, telle Jeanne d’Arc en son temps…)
  • José Luis est el jefe, le chef du centre. C’est lui qui a répondu à ma demande de stage. En sus de ses activités de directeur de l’INIA, il est également maire de son village. Il passe donc l’essentiel de sa journée à répondre aux coups de téléphone et à remplir de la paperasse. Lundi matin, il m’a fort gentiment emmené faire des courses afin que je n’aie point à porter des tonnes de sacs sous ce soleil de plomb. Le supermarché s’appelait Alcampo, traduction approximative de notre Auchan :) José Luis est vraiment adorable, il a lancé toute son équipe sur une recherche de colloc dans Alcalá-même pour moi, avec succès d’ailleurs puisque je vais sans doute déménager début juillet.
  • Viennent ensuite Paco, Alfonso, Pablo, Francisco et Javier, d’autres ingénieurs agricoles. Ils travaillent sur différents projets plus ou moins ensemble, leur organisation est très mouvante (voire bordélique). Carlos est vétérinaire et mène un projet sur les cellules embryonnaires d’oiseaux tout en donnant un coup de main de temps à autre aux membres de l’équipe. Il est l’élément incongru de l’équipe (que j’ai peut-être inventé pour voir si vous suiviez).
  • Consuelo est une femme qui partira à la retraite à la fin de cette année. Elle est tout le temps très inquiète et aime le signifier aux autres. Elle s’occupe des réceptions de matériel, car est par trop fatiguée pour aller se balader toute la journée dans les champs.
  • Il y a également toute l’équipe de mécaniciens: Pepe, Javier, Carlos et Mochuelo.

Comme vous pouvez le constater, très peu de femmes dans cette équipe. J’ai l’impression qu’il y en a beaucoup plus à la banque de semences, où j’en ai rencontré plein, et à Madrid, puisque je n’ai vu que des femmes venant de l’INIA de Madrid pour l’instant (Diana, Marimar et Inés, une jeune femme qui est venue nous aider à récolter des mauvaises herbes mardi).

Concernant leurs projets, à présent, ils sont grosso modo au nombre de trois:

-Une partie d’agriculture de conservation (le fameux « écologiquement intensif »), avec des essais de cultures dont le degré de labour est variable selon les parcelles. Les effets sont observés sur une monoculture de blé et des rotations incluant des légumineuses, ainsi que sur du maïs irrigué par aspersion et goutte-à-goutte. Le rendement est ensuite calculé afin de voir si cette agriculture est rentable. Le centre dispose d’une station météo pour connaître tous les paramètres influant sur ses cultures. La température et la quantité de CO₂ dans les sols sont évaluées grâce à une sonde. Des échantillons de sols sont prélevés régulièrement, et la POM (particulate organic matter) est calculée sur place avant d’envoyer les échantillons moulus à Madrid où seront effectuées des mesures complémentaires.

-Une partie avec des Brassicacées ayant pour débouché les biocombustibles. Ces plantes sont soumises à un stress hydrique différentiel via une irrigation plus ou moins éloignée d’elles. Des pluviomètres viennent compléter ce dispositif en vue de connaître la quantité totale d’eau apportée. La quantité de cires dans leurs feuilles est mesurée afin d’appréhender la réaction de différentes variétés traditionnelles de Brassicacées au stress hydrique et à la concurrence avec des mauvaises herbes.

-Enfin, une troisième partie concerne la transition de la strate agricole à la strate forestière en passant par une intermédiaire, l’arbustive. Ce projet a pour visée d’aider les agriculteurs à répondre aux exigences de la FAO. Il y a un peu d’agroforesterie, afin de voir si cette méthode est viable.

Il y a aussi un petit potager, mais ce n’est que pour leur usage personnel.

Si vous ne vous êtes pas encore endormis, voici venu le temps (des rires et des chants) de la journée typique de la Flora sauvage!

A 7h30, je quitte ma résidence et marche d’un pas allègre le long de terrains vagues jusqu’à l’autoroute où le car de l’INIA me récupère à 8h. A cette heure-ci, le temps est encore fort doux, presque frais, et il est fort agréable de sentir le vent jouer dans ses cheveux.

DSCN0055

Arrivés au centre, les chercheurs se mettent très doucement au boulot. On prend des nouvelles les uns des autres, on se met de la crème, on caresse le chat blanc, … Lundi et mardi, je n’ai honnêtement pas foutu grand chose car on m’a baladée deci delà pour que tout le monde m’explique ce qu’il faisait. Les jours suivants, j’ai aidé plusieurs chercheurs dans leurs mesures via toutes sortes de sondes et de relevés de données. Un peu de labo, aussi, avec la POM et les feuilles de Brassicacées.

A 11h, el desayuno! Comme les Espagnols déjeunent très tard, ici on prend son petit-déjeuner tous ensemble pour reprendre des forces. Là encore, on discute beaucoup et personne ne presse les gens à se remettre au travail, certainement pas José Luis le chef, qui paresse dans un fauteuil.

Arrive tout de même le moment de continuer ses travaux, vamos! J’accompagne une personne, puis une autre, au gré des besoins de l’équipe. Ce qui est très sympa, c’est que je passe mon temps à papoter en espagnol car ils sont tous très curieux et très volubiles.

A 15h45, le car revient nous chercher et me ramène vers 16h à mon autoroute, où je reprends le même chemin qu’à l’aller, cette fois-ci sous un soleil nettement moins mignon et en ayant une colline à gravir. Heureusement, une partie du chemin se fait à l’abri de ces frondaisons.

DSCN0028

Et la journée de travail est déjà achevée, incroyable! A partir de la semaine prochaine, ce sera encore pire: le car viendra nous récupérer à 14h30, sans que l’horaire du matin change pour autant. L’équipe trouve cela tout naturel, car ce sont les horaires d’été… Je suis assez interloquée par la douceur de vivre dans ce centre, la différence est tellement flagrante d’avec ma ferme-auberge du stage de première année. L’équipe est nettement plus sympathique que mon maître de stage précédent, de plus, ce qui joue pour beaucoup. On m’appelle Florita ici, je trouve ça trop chou :)

Cet article est déjà extrêmement long, je vais donc vous laisser avec la bande-son officiel de sa création, en vous souhaitant un excellent week-end, où je compte pour ma part visiter Alcalá et vous en ramener plein de photos et de récits :)