Aujourd’hui, je vous propose un (long) article culturel sur mon excursion aux Aran Islands que j’ai réalisée Jeudi avec Estelle et Mathilde. Je n’ai visité qu’une île sur les trois mais je vais tout de même vous présenter l’ensemble de l’archipel bien connu des touristes. Un site à voir si un jour vous visitez la côte Ouest de l’Irlande !

aran_mapSource: http://www.aranislands.ie

Selon la légende, la baie de Galway formait autrefois un lac, un bras de terre le séparant de l’Atlantique. Jusqu’au jour où une tempête éclata, la plus terrible qu’on ait vue de mémoire d’hommes : la mer déchaînée fondit sur la côte, portant avec elle des lames si hautes qu’elles auraient englouti d’un seul élan le plus fier des trois-mâts. Cette nuit-là, les flots balayèrent tout sur leur passage et quand le soleil se leva enfin à l’horizon, le lac était devenu baie et les fondations de Galway prenaient désormais racine dans l’eau salée. Du bras de terre ne resta plus que trois îles : Inis Oirr, Inis Meain et Arainn, plus connues sous leurs noms anglais d’Inisheer, Inishmaan et Inishmore.

aran_islandsSource : http://irishislands.info/arainn.html

Aujourd’hui, ces îles d’aspect aride et tourmenté maintiennent jalousement les traditions gaéliques qui se sont largement perdues dans le reste de l’Irlande ; on désigne d’ailleurs les trois îles sœurs d’Aran comme le plus beau témoignage de la mythologie irlandaise. Poser le pied sur leurs terres, c’est faire un bond dans le passé – et plonger dans le gaélique qui est parlé par l’absolue totalité des habitants.

FlagIreland  Inishmore

Aînée de la fratrie, c’est la plus grande île de l’archipel – et aussi la plus prisée par les touristes. Son secret ? La richesse de ses monuments, qui se comptent par dizaines. Le plus célèbre d’entre eux est le fort de Dún Aonghasa (en anglais Dun Aengus ; Dun signifie forteresse en gaélique), bâti au sommet des falaises déchirées du Nord de l’île, qui se dressent en à-pic de 100m de hauteur.

A l’Est, les falaises cèdent leur place à des plages de sable fin offrant une vue imprenable sur le Connemara.

FlagIreland  Inishmaan

La cadette n’a rien à envier aux paysages de ses deux sœurs : bien qu’elle possède les reliefs les plus escarpés, elle baigne dans une eau claire qui fait d’elle le paradis des plongeurs venant admirer son extraordinaire faune sous-marine.

Ses champs sont bordés de murets de pierre : les petites constructions forment un véritable labyrinthe qui court sur toute la longueur de l’île.

Fief de la langue et culture irlandaise, l’étranger aura bien du mal à comprendre ses habitants. On s’y déplace à pied, à vélo ou sur une monture ; ici, point de véhicule !

FlagIreland  Inisheer

La petite dernière est la plus sauvage et la plus proche du comté de Galway. Peu de touristes s’y promènent, ce qui fait d’Inisheer la plus paisible des îles d’Aran.

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Ce Jeudi, Estelle, Mathilde et moi avons demandé un day-off pour partir en excursion sur Inishmore. La météo annonce de la pluie : tant pis ! A 9h30, nous montons dans le bus qui nous emmène après 40 minutes de trajet jusqu’à Rossaveal, une petite ville côtière la plus proche de l’île. Du port, nous prenons place à bord d’un ferry. Trois quart d’heures de bateau suffisent et lorsque nous posons le pied sur Inishmore, le temps est au gris.

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Premier réflexe ? Louer trois vélos. Ici, le petit port de Kilronan se réveille avec les touristes : ce n’est que lorsque le ferry décharge sa précieuse cargaison que la journée commence. Les pubs ouvrent leurs portes, même chose pour les boutiques et restaurants ; dans la rue, les habitants hèlent les passants pour faire le tour de l’île en calèche ou en minibus.

Second réflexe ? Aller boire une bonne Bulmers au pub Ti Joe Watty, recommandé par le guide du Routard. Rien de mieux qu’une petite bière pour vous mettre en jambes ! C’est donc sur la terrasse que nous sirotons nos Bulmers, en compagnie d’un chaton blanc baptisé Ti Joe.

ti_joe

Alors que calèches, cyclistes et voitures partent faire le tour de l’île, nous décidons de déjeuner. Après tout, ne dit-on pas que rien ne sert de courir, il faut partir le ventre plein ?

Le pub propose une carte alléchante : mon choix se porte sur un Irish Stew, l’un des plats irlandais les plus populaires. Il s’agit d’un ragoût d’agneau, accompagné de légumes. Délicieux !

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C’est donc repues que nous prenons la route en vélo. Une petite bruine nous accompagne les premières minutes puis s’évapore et nous pouvons profiter de la balade. Nous entamons le tour de l’île en contournant les terres par le Nord, suivant la route côtière. Pas mal de descentes, c’est très agréable !

Autour de nous, mille petites parcelles séparées par des murets de pierre, où pâturent parfois vaches ou chevaux.

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 A mi-chemin, nous croisons la colonie de phoques de l’île : avec un peu d’attention, on peut apercevoir leurs têtes noires qui sortent hors de l’eau, à une dizaine de mètres de la côte.

Sur le sentier, nous sommes seules. Hormis quelques calèches et de rares voitures, la nature est notre seule compagnie.

Nous poursuivons notre route jusqu’à Port Mhuirbigh et sa plage baignant dans une eau si claire qu’on aurait presque pu se croire en Grèce. Enfin… Ce serait oublier la fine bruine qui bat les terres de l’île, s’arrêtant puis reprenant à intervalle régulier tandis qu’une épaisse brume venue du large submerge bientôt le paysage qui disparaît derrière un manteau blanc.

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Il est 15h quand nous décidons d’orienter nos roues vers le fort de Dún Aonghasa, situé de l’autre côté d’Inishmore. Première tentative, premier échec. Nous prenons une mauvaise route et atterrissons, après une montée de la mort, dans un petit village où les chevaux semblent être les seuls habitants. Nous revenons sur nos pas, jetons (enfin !) un coup d’œil à la carte.

aran_fortAprès une petite boucle, nous arrivons finalement devant l’entrée du fort.

Le droit de passage est d’un euro. Nous devons laisser nos vélos : le sentier jusqu’à la forteresse se fait à pied. Direction les plus hautes falaises de l’île – 87m de haut !

Après un quart d’heure de marche, nous arrivons enfin à Dún Aonghasa. Construit en demi-lune, il donne sur… le vide. Eh oui ! Derrière ses épais murs d’enceinte, il n’y a rien. Enfin si : les falaises et la mer. Les vagues se jettent à leur pied et le bruit sourd du ressac bat l’air à intervalle régulier.

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Prudemment, nous nous approchons. En effet, ni protection ni parapet ne sépare le touriste étourdi du vide. La main soudée à la pierre, je jette un coup d’œil. VAYA ! Les gens n’osent pas approcher. C’est couchées que nous profitons de la vue, de façon à avoir le corps uni à la pierre… et la tête dans le vide. J’ai presque du mal à regarder.

Avec la brume, on ne peut pas rêver de meilleur paysage irlandais ! Il faut attendre une bonne dizaine de minutes pour qu’elle retombe un peu et nous pouvons enfin profiter de la vue d’Inishmore toute entière, avec ses falaises et ses champs entrecoupés de murets de pierre.

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Je vous montre quand même une photo du fort en plein soleil :

Dun_aengusSource : http://follow-your-dream.over-blog.com/article-dun-aengus-inishmore-50355747.html

Quelques rayons de lumière percent : nous reprenons nos vélos. Il est 16h et le dernier ferry quitte le port de Kilronan à 17h pile. Le temps nous est compté ! Nous laissons le fort de Dún Aonghasa derrière nous et revenons par la route centrale qui serpente entre les maisons blanches. La côte est difficile et la bruine, de retour, nous rafraîchit. Heureusement, une longue descente clôture la pente et c’est en roue libre que nous débouchons à toute vitesse sur le port. Un bon bol d’air salé !

Les vélos rendus, un Muffin en guise de récompense, nous retournons au ferry et prenons la mer, Inishmore s’enfonçant dans la brume dans notre dos.

Je ne vous cache pas que le retour au labo vendredi a été quelque peu difficile.