Avant de décrire ce début de semaine festif, j’aimerais faire un point sur les bals masqués du Carnaval de Guyane qui ont lieu dans les dancings de la ville, appelés aussi « Universités de danse ». Croisement entre une boîte de nuit et un bar, on y entre pour boire et danser. A Cayenne, il existe deux dancings principaux : Le Soleil Levant –  appelé plus communément Nana et Polina. De véritables institutions du Carnaval !

Ce samedi soir dernier – comme tous les samedis du carnaval d’ailleurs – a lieu les traditionnels bals des Touloulous. Figure emblématique du Carnaval, les Touloulous sont des femmes masquées et parées de superbes costumes.

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La tradition veut que personne ne puisse les reconnaître : aussi, les Touloulous ne doivent rien laisser paraître. Pas un morceau de peau ne doit être laissé au regard extérieur… Robes longues dignes de hautes maisons de couture, masques et gants sont donc de rigueur. Certaines femmes vont même jusqu’à changer leur voix – voire se rendre muettes – ou modifier leur silhouette à l’aide de coussins bien placés !

Les dancings sont les antres des Touloulous. Chez Nana ou chez Polina, ce sont elles qui choisissent leurs cavaliers sur la piste ; le contraire est interdit ! De même, les femmes non masquées ne peuvent pas inviter les hommes à danser. Les Touloulous sont donc les vraies reines de la fête, auréolées de mystère.

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J’ai pu assister au bal masqué chez Nana samedi dernier, le dernier du Carnaval. Avec ma coloc et plusieurs de ses collègues, nous sommes restés parmi la foule, postés à l’extérieur du dancing, de façon à assister à l’arrivée des Touloulous, toutes portant de superbes robes colorées. La coutume veut d’ailleurs qu’il soit interdit de porter la même tenue deux semaines de suite ! A l’intérieur du dancing, l’ambiance est brûlante : les couples se forment au gré des désirs et des jeux de séduction des Touloulous qui choisissent leur partenaire, puis l’entraînent dans des danses douces ou endiablées tandis que l’orchestre donne le rythme.

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A noter que depuis quelques années, une variante masculine est apparue : les bals de Tololos. Cette fois, les rôles inversés et ce sont donc les hommes qui sont masqués.

Mais revenons aux trois Jours Gras, achèvement du Carnaval.

⧨     Lundi des mariages burlesques

Le lundi gras, tout est permis ! Hommes et femmes changent de sexe : les hommes sont déguisés en femmes et inversement.

Le défilé de ces couples improbables a lieu dans les rues, autour de la place des Palmistes, déclenchant le rire de la foule.

⧨     Mardi des diables rouges

Ou le Jou Djab du lundi. Une marée de rouge envahit la ville : spectateurs comme groupes costumés se doivent de respecter la couleur.

Le défilé qui prend place dans l’après-midi est consacré aux diables rouges, référence à l’évangélisation chrétienne imposée aux esclaves qui utilisait la figure du diable pour faire peur.

J’ai pu assister à la parade : ambiance garantie !

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Alors que le soleil entame sa descente, des bandes de diables défilent autour de la place des Palmistes, accompagnés de quelques Touloulous et de monstres s’amusant à faire peur aux enfants qui assistent au spectacle.

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La nuit tombant, une masse de jeunes en rouge s’intègre au défilé : quelques altercations manquent de déboucher sur une bataille générale en pleine parade ! La foule s’écarte aussitôt.

Le soir dans les Universités, le thème reste de rigueur : rouge et or pour les Touloulous, rouge et noir pour leurs cavaliers.

 

⧨     Mercredi des cendres

La fin du règne de huit semaines de Sa Majesté Vaval. L’après-midi, le cortège funèbre défile, composé de diablesses vêtues de noir et de blanc, signe de deuil. Illustré par un mannequin, le roi Vaval est présent et parade dans la ville.

C’est sur la place des Palmistes, à la nuit tombée, qu’il est condamné à finir brûlé vif en public pour, je cite : s’être amusé sans vergogne, pour avoir chanté et dansé sans retenue dans les rues, pour ses démesures, pour ses effronteries et pour ses refrains irrévérencieux.

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Vaval est mort, vive Vaval 2015 !