Encore un jour férié ! Et le Jeudi de l’Ascension qui plus est, me permettant de faire le pont. Quatre jours de week-end, ce serait un crime de rester à Cayenne !

Passant le repos à la trappe, je décide d’inaugurer avec Stéphanie ce premier des quatre jours d’excursions : aujourd’hui, nous prenons la mer ! Direction : l’Ilet la Mère, situé au large de l’île de Cayenne et du fleuve Mahury.

Les premières traces d’occupation sont difficilement datables. Des populations amérindiennes s’y étaient installées ; plus tard, les colons français y débarquent, un pénitencier y est même construit en 1852, pouvant accueillir jusqu’à 600 détenus. Une épidémie de fièvre jaune ravagera l’îlet vingt ans après l’arrivée des premiers bagnards et le site est abandonné.

Finalement, en 1981, l’Institut Pasteur de Guyane établit un élevage de saïmiris sur l’île, les singes étant réservés pour le prélèvement d’un sérum servant à l’élaboration d’un traitement anti-paludique. En 2001, l’Institut se retire : les saïmiris restent alors les seuls habitants de l’îlet la Mère, appelé également îlet aux Singes.

Désormais sous la tutelle du Conservatoire du littoral, l’Ilet la Mère fait partie d’un petit archipel de six îles appartenant à la commune de Rémire-Montjoly : l’Ilet le Père, le Malingre, les Mamelles (deux îlets) et l’Enfant Perdu.

« D’après la légende, l’îlet le Père et l’îlet la Mère se promenaient un jour avec leur progéniture au large de la Guyane, quand ils furent surpris par un raz-de-marée qui les poussa sur les côtes, et les fit s’échouer sur les fonds de vase de Rémire. Leurs deux filles les suivirent (aujourd’hui appelées îlots des Mamelles) mais leur plus jeune fils disparut. Leur serviteur, le Malingre, envoyé à sa recherche, s’arrêta non loin à bout de force. Ce n’est que plus tard, que l’Enfant Perdu toucha les hauts fonds de Guyane et y resta fixé ».

Légende citée par L. Lacroix

L’Ilet la Mère est le seul ouvert au public : faisant appel à un prestataire, Stéphanie et moi nous sommes rendues au Dégrad des Cannes de Cayenne pour monter à bord du bateau qui nous conduira au large. Il y a 40 min de navigation pour rejoindre l’îlet.

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Le temps est passablement gris mais la mer reste peu agitée ; il est 15h passé lorsque nous posons enfin le pied sur l’Ilet la Mère.

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Le ponton de pierre est déjà envahi par des saïmiris qui viennent nous saluer dans des pépiements, quittant les branches où ils étaient suspendus. Ils deviennent immédiatement le centre d’attention.

 Les premiers curieux à vouloir les nourrir se font rapidement escalader de tous côtés, rien que pour avoir tenté de sortir des gâteaux de leurs sacs. Les animaux ont l’œil vif : à peine le geste de toucher au sac-à-dos qu’ils arrivent aussitôt, bondissant des branches ou des broussailles et nous entourant par dizaine. Les moins peureux montent sur nos épaules, vont même jusqu’à fouiller dans les sacs s’il y a une ouverture. Notre guide nous a prévenus : pour pique-niquer tranquille, peine perdue ! Le seul endroit loin des singes reste la plage car les saïmiris ont peur de l’eau.

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Je profite de la présence des animaux pour les mitrailler comme il se doit. Puis, nous entamons le tour de l’île. Un petit sentier longe la côte, s’enfonçant dans la forêt et la végétation dense.

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Il faut compter 1h30 pour faire la boucle ; autrement, un autre chemin monte à l’antenne et l’ancien sémaphore au sommet de l’île mais nous n’aurons pas le temps d’y aller.

Sur le chemin, la pluie s’invite et nous avançons dans la forêt, bientôt trempés malgré le plafond végétal. Plus un singe en vue, ni le moindre signe de vie d’ailleurs. Quant au paysage de la mer, il est noyé sous la brume. La tempête est sur nous !

Heureusement, la flore, elle, répond à l’appel : lianes, branches torsadées, fromagers gigantesques et fouillis amazonien.

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La pluie finit par s’évanouir lorsque nous achevons le tour de l’île. Retour au débarcadère. Les saïmiris sont revenus et Stéphanie et moi les attirons avec des gâteaux.

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Ils arrivent de toute part, bondissant sans prévenir d’un arbre proche jusqu’à nos épaules. L’un d’eux, que je baptise Ti Jack, monte même sur ma casquette.

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Nous explorons encore un peu les environs et les différents points de vue sur les autres îlets de l’archipel, Ti Jack perché sur mon épaule : les Mamelles, à l’ouest, l’Ilet le Père à l’est. Dommage que le soleil ne soit pas au rendez-vous.

Retour au bateau. Nous laissons les saïmiris derrière nous et reprenons la mer. Le soleil derrière l’île de Cayenne. Cette fois, nous longeons les mangroves qui bordent le Mahury et apercevons distinctement sur le vert des arbres et palétuviers… des ibis rouges !

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Les oiseaux s’enfuient à notre approche, envolée rouge rosée au-dessus des beaux. Superbe ! Ils vont se poser plus loin, nous permettant de les admirer et de prendre quelques photos.

Nous rentrons au Dégrad à la tombée de la nuit.

iletlamere_saimiri4Prochainement sur vos écrans : une excursion apocalyptique !