Blason Gorges

Blason de Gorges (source: wikipedia.fr)
 

Au Sud-Est de Nantes, bordant la Sèvre et encerclée par les vignes, la petite commune de Gorges abrite un espace naturel rare, où faune et flore s’ébattent joyeusement. Cet ENS (Espace Naturel Sensible) est le Bois de buis, d’une surface de 3 hectares.

Anciennement partie intégrante du domaine de l’Oiselinière, attenant à son château, le Bois est à présent la propriété du Conseil Général de Loire-Atlantique, afin de préserver les essences qui s’y dressent et les espèces qui y nichent. Le château de l’Oiselinière est aujourd’hui un domaine viticole, et arbore le style italianisant qui avait tant le vent en poupe dans la région au large du 19ème siècle.

Oiseliniere_vinsvaldeloire.fr

Château de l’Oiselinière (source: vinsvaldeloire.fr), où du muscadet peut être dégusté
 

Cette villa, construite entre 1822 et 1835, fut la dernière demeure du général Louis-Alexandre Audibert, résistant puis député de la Loire inférieure.

________________________________

Pénétrer dans le Bois de buis est une expérience en soi, évoquant l’évolution à l’œuvre depuis sa création. Son agencement originel reposait sur la symbolique des arbres: à l’Ouest, se dressait du buis, gage d’immortalité, tandis que les chênes à l’Est mettaient en garde contre la vieillesse, annonciatrice de la mort.

Si le temps n’a pas tout à fait effacé cet ordre pensé par ses créateurs, le chaos a plus ou moins repris ses droits aujourd’hui, les interventions légères des services techniques du Conseil Général s’efforçant de conserver le plus de refuges possibles à la faune abondante des environs. Les arbres morts ayant chu sont ainsi laissés au sol, et font la joie des espèces xylophages.

DSCN5069

DSCN5090

Cet espace est assez unique en Europe pour sa présentation de buis de tout âge, qui réjouit l’avifaune. Toxique pour l’homme, son fruit fait le régal des oiseaux.

D’autres plantes font de cet espace un lieu de découverte et d’émerveillement permanent. En voici une brève sélection, non exhaustive bien entendu.

DSCN5035

La molène et sa hampe florale caractéristique 
 

DSCN5039

Molène surplombant la Sèvre, fleurs jaunes apparentes
 

DSCN5073

Nombril de Vénus (Umbilicus rupestris) sur un muret
 

renoncule_eventail

Renoncule en éventail (Ranunculus paludosus), présente sur les lieux (source: jeantosti.com). Statut de protection: espèce règlementée
 

DSCN5048

Un charme
 

DSCN5052

Un alisier
 

DSCN5054

Un alisier, détail des feuilles
 

DSCN5086

Du gui, plante épiphyte (se développant sur les branches des arbres). Les oiseaux consomment ses graines qu’ils relâchent ensuite via leurs déjections aériennes.
 

Concernant l’avifaune, si sa présence ne se révèle pas directement par temps pluvieux, les vestiges de son passage sont légion. Des arbres troués façon gruyère comme sur les clichés suivants, des plumes tombées au sol, des chants au loin dans la canopée, …

DSCN5066

DSCN5063

Des buissons gardent farouchement leur secret: certains oiseaux nichant au sol ont besoin de leur aile végétale protectrice pour duper les prédateurs.

Les mammifères, bien que discrets, révèlent également leur présence par des pratiques telle que l’embroutement, comme ci-dessous où un jeune chevreuil a visiblement consommé un peu de l’écorce de cet arbre.

DSCN5061

Victime d’embroutement
 

Les insectes sont des hôtes particulièrement friands de ces lieux, comme en témoigne ce couple de papillons en pleine action, dont l’espèce reste indéterminée (papillon de nuit).

RSCN5079

Depuis le Bois, le belvédère du Jeu de Paume offre un point de vue panoramique qui permet d’admirer les environs, verdoyants et trahissant quelques signes d’activités humaines présentes ou passées.

DSCN5043

L’église Saint-Martin dresse la flèche de son clocher, avec en bas à droite la tour Boisteau anciennement surmontée d’un moulin dont la fonction était de pomper l’eau de la rivière afin d’irriguer les cultures avoisinantes. Le procédé était assez innovant pour l’époque, d’un point de vue technique.

DSCN5042

Tour Boisteau

DSCN5045

La Sèvre nantaise se prélasse en contrebas
 

Aux abords du Bois, les deux moulins du Liveau sont encore visibles. Leur agencement traditionnel est constitué d’un moulin par rive, reliés par une chaussée; on parle de moulin bipolaire.

DSCN5084

Vue sur la rive gauche
 

Sur la rive gauche, vous n’en apercevez que des ruines, tandis que le bâtiment érigé sur la rive droite au 15ème siècle, en remplacement du moulin d’origine, résiste vaillamment aux attaques du temps. Il s’agissait à l’origine d’une papeterie, dont la construction avait été commanditée en 1826 par la baronne Bertrand-Geslin, alors propriétaire du domaine de l’Oiselinière. Les trois niveaux présentent un style clissonnais, avec des bandeaux de brique ornant un édifice avant tout fonctionnel. Il n’empêche qu’il s’en dégage une certaine beauté épurée.

DSCN5088

La vaste surface intérieure était occupée par des étendoirs à papier, afin de sécher celui-ci. L’activité s’est arrêtée en 1860, mais une réhabilitation des lieux à des fins culturelles est en cours depuis quelques années.

La chaussée précitée empêchant le passage des sédiments et des poissons, une rivière de contournement a été créée afin de faciliter leur écoulement, quelques mètres avant le double moulin. Un exemple de corridor écologique!

Des visites par le Conseil Général de Loire-Atlantique sont organisées régulièrement, animées par des guides qui sauront vous apporter l’éclairage nécessaire sur cet espace sublime. Si vous êtes tentés, contactez Abassi au 07 86 18 02 69.