Aurelie

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L’énigme d’El Niño

Lorsque je suis arrivée en Guyane, je n’avais qu’une crainte : souffrir de la terrible saison des pluies et son apogée aux mois de mai et juin. Ici, les averses tropicales ont de quoi faire frémir… La hauteur moyenne annuelle des précipitations plafonne à 3000 mm quand Paris affiche une hauteur de 650 mm par an !  Grossièrement, on peut diviser le climat équatorial guyanais en deux saisons : la saison des pluies, s’étendant entre mi-novembre et début juillet ; et la saison sèche le reste de l’année, avec un pic de chaleur en octobre.  Ci-dessous, les moyennes annuelles en termes de température et pluviométrie à Cayenne : On observe généralement au mois de mars une brèche dans la saison humide où les jours de ciel bleu reprennent le dessus sur la pluie : c’est le petit été de mars. Cependant, durant la grande saison des pluies – période de mon stage - les averses violentes peuvent provoquer des inondations et rendre les routes impraticables. Le mois de juin, le plus pluvieux, est d’ailleurs le mois de fermeture annuelle des commerces. De quoi être prévenu ! Cette année, le petit été de mars s’est bien senti, suite aux mois pluvieux de janvier et février. Le souci, c’est que le ciel bleu s’est maintenu depuis, le soleil entrecoupé de quelques averses violentes… mais pas de quoi annoncer la grande saison des pluies ! Aubaine pour les vacanciers et les week-ends excursions, mais une catastrophe pour les agriculteurs et les écosystèmes si la sécheresse venait à s’attarder. Pour expliquer ce phénomène, un mot revient sur toutes les lèvres, empreint de mystère : El Niño. A force d’entendre prononcer son nom, j’ai fait mes petites recherches… Lumière sur un phénomène aux répercussions planétaires ! Alors qui est El [...]

Par |30 mai 2014|Aurélie|2 Commentaires

Coup de pagaie en forêt inondée

A trois jours du départ pour Saül et la rando en forêt, me voilà obligée de tirer une croix sur l’aventure. La Guyane ne se laisse pas découvrir si facilement… Comme tant de gens avant moi, me voilà frappée par un mal inconnu. Fièvre, frissons, chute de tension : un moustique serait passé par là ? Visite éclair chez le médecin après une nuit difficile et un malaise le matin même. Pourtant, je ne présente aucun des symptômes typiques du palu. Mes anticorps parleront à ma place : direction l’Institut Pasteur pour une prise de sang. La réponse survient le lendemain : rien. Négatif. Ni palu, ni dengue. En réalité, les symptômes correspondraient à un parasite. Un ver dans mon ventre ! Les joies perverses de la Guyane ? Quoi qu’il en soit, la bestiole a beau avoir réduit en poussières mes espoirs pour Saül, elle ne m’obligera pas à rester enfermée tout le week-end. Car ce samedi, je m’en vais pagayer sur la crique Gabriel ! Présentée comme la plus belle de Guyane, la crique Gabriel est située à 35km à l’est de la ville-capitale de Guyane et se jette dans le Mahury, dont l’estuaire dessine les frontières de l’île de Cayenne. Elle traverse marécages, savane inondée et forêt, s’ouvrant au fil de l’eau à des paysages très différents… et de ce fait, à une faune diversifiée. Singes, oiseaux essentiellement et même, avec un peu de chance, la vision furtive d’un morpho ! Le rendez-vous, point de départ de la balade, est fixé à 8h à Roura, bourg créole situé à l’est de Cayenne, à 40min de voiture environ. Nous formons un groupe de sept, avec mes colocs et des amis. Arrivés au carbet, gilets de sauvetage et touques sont distribués. [...]

Par |25 mai 2014|Aurélie|3 Commentaires

L’enfer du bagne #2 – les Iles du Salut

Au nombre de trois, elles montent la garde au large de Kourou. L’histoire les a affublées de nombreux noms… Retour historique sur l’implantation d’un enfer au paradis. La Guyane a longtemps résisté à toute tentative d’occupation, mises à mal par les conditions de vie difficiles sur place, alliant fièvre jaune, mauvais rapports avec les peuples Amérindiens et dissensions au sein même des colonies. En 1763 cependant, la France décide de frapper un grand coup pour bâtir une colonie européenne d’agriculteurs dans l’ouest : c’est l’expédition de Kourou. Près de 12 000 colons débarqueront entre 1763 et 1765 ! Cependant, paludisme, fièvre jaune et typhoïde déciment la nouvelle colonie. Seuls 1800 d’entre eux choisiront de rester sur les terres du littoral, trouvant refuge sur les trois îles au large de Kourou, rebaptisées îles du Salut après qu’ils aient retrouvé la santé. Sur ces minuscules îlots de terre entourés par des courants violents, plus un moustique : c’en était fini des maladies qui décimaient les colonies. Les trois îles devinrent alors le refuge des survivants. Un salut éphémère… Bien plus tard (1793), la Première République y construit une forteresse pour accueillir les premiers déportés politiques : les îles prennent alors le nom de triangle maudit. Finalement, c’est en 1854 que l’administration pénitentiaire marque à jamais leur histoire en y instaurant l’un des bagnes les plus sévères au monde – mais l’un des moins durs de Guyane. Près de 70 000 prisonniers y seront envoyés ! L’archipel, composé de trois îles, réunit en effet toutes les conditions nécessaires : petit, il est facilement surveillé, bénéficie d’un climat sec et ventilé donc très salubre, et est entouré de requins freinant toute tentative d’évasion… les squales étant attirés par le sang déversé dans la mer depuis l’abattoir situé [...]

Par |17 mai 2014|Aurélie|4 Commentaires

L’enfer du bagne #1 – les camps forestiers

Avant d'entamer cet article, petit retour historique sur la Guyane de la seconde moitié du XIXe siècle... alors gigantesque administration pénitentiaire (AP). Source : http://lesangesgardiens-ap.blogspot.com Lorsqu'en 1848, le Code Noir (1685) - dictant les rapports entre les maîtres et esclaves - perdit toute valeur, l’économie coloniale française, reposant alors depuis près de 200 ans sur une société esclavagiste, fut sectionnée en deux. Seule solution pour pallier au manque de main d’œuvre et relancer le développement de la Guyane : faire de la colonie un lieu de déportation où seraient envoyés opposants politiques et délinquants issus de la métropole. Les bagnes sont créés. L'année 1854 signe le début de l'enfer. La population pénale est écartée de métropole et transportée dans les colonies, jusqu’en Guyane, pour y être condamnée aux travaux forcés jugés rédempteurs : ces déplacements massifs sont appelés transportation. Au-delà de huit ans de peine, les condamnés restent à vie ; en-dessous, ils pouvaient retourner en métropole une fois leur peine accomplie. A ses débuts, la commune pénitentiaire s’étendait le long du littoral, son camp central basé à Saint-Laurent-du-Maroni. Les conditions de vie étaient terribles, chaleur et maladies emportant les vies de nombreux forçats, sans oublier la malnutrition sévissant dans certains camps et l’hygiène précaire. L’espérance de vie moyenne dépassait rarement les 5 ans. Parmi les bagnes les plus célèbres, celui de Cayenne ou celui de Saint-Laurent-du-Maroni. On peut également citer le bagne des Iles du Salut. Cependant, les camps les plus terribles restaient les camps forestiers – baptisés camps de la terreur. Un homme sur deux n’en revenait jamais. Moustiques, insalubrité et malnutrition… Le rythme de travail, abattage d’arbres, y était insoutenable. Finalement, en 1938 est signée l’abolition de la transportation de la population pénale depuis la [...]

Par |10 mai 2014|Aurélie|4 Commentaires

Forêt, sable et océan – le sentier de Bourda

En ce jour férié, fête du travail, j’ai décidé de repousser ma grasse matinée au lendemain. Au programme : profiter de la fraîcheur de l’aurore pour explorer l’un des sentiers du littoral de Cayenne, le sentier de Bourda, à dix minutes en vélo de la maison ! En plein cœur des lotissements de la ville et surplombant la mer, s’élève le mont Bourda, l’un des massifs rocheux de l’île de Cayenne. Recouvert d’une forêt tropicale secondaire, c’est également un lieu de pèlerinage : le mont possède en effet son calvaire – crucifix – dont l’un des chemins qui y mène est un chemin de croix. A 6h exacte, je quitte la maison en vélo. L’air vibre au son du festival de reggae qui s’est poursuivi toute la nuit et ce, deux jours durant, mais je ne m’y dirige pas, préférant prendre le chemin de la plage. Sur la route, la pluie. Voilà un aléa dont je me serais bien passé : j’ai signé pour un lever de soleil, pas pour une douche matinale ! Heureusement, l’averse bat le pavé quelques minutes puis s’évanouit et je peux quitter mon abri, roulant sur la route désormais inondée. En Guyane, les pluies ne pardonnent pas : traverser la route quand c’est la douche et vous êtes trempés en atteignant le trottoir d’en face, averse tropicale oblige. Les joies de la saison des pluies ! Enfin, j’atteins la plage. Un rideau de nuages gris barre l’horizon, m’empêchant d’assister au lever du soleil sur l’eau proprement dit mais j’ai droit au spectacle du ciel qui s’éclaircit et aux troupeaux paresseux de nuages qui s’embrasent. Et puis, après une vingtaine de minutes tout au plus, la boule de feu finit par s’élever au-dessus des nuages… C’est le signal : [...]

Par |3 mai 2014|Aurélie|5 Commentaires

Face-à-face avec la tortue luth

La Guyane n'a pas fini de m'étonner : focus sur une espèce marine connue dans tout le département. Nous sommes allés ce vendredi en groupe à la mer. Un coup d'œil sur l’horaire des marées : après s’être assurés que l’eau était haute, nous sommes partis pour 23h faire une balade sur la plage… pour voir les tortues luth ! La plus grande des tortues de la planète – certains spécimens peuvent atteindre jusqu’à 2 m de longueur ! Elle passe sa vie au large et fréquente tous les océans ; ses principaux lieux de ponte se concentrent sur les plages de Suriname et de Guyane. Elle est caractérisée par l’absence de carapace proprement dite, remplacée par une cuirasse de peau à l’aspect du cuir. C’est une espèce en voie de disparition, menacée par la pollution, le braconnage et l’urbanisation du littoral. La fin du mois d’avril marque le début de la période de ponte ou  nidification : la nuit, lorsque les lumières sont éteintes et que la température est plus clémente, les femelles surgissent par dizaine sur les plages de Cayenne à marée haute pour enterrer leurs œufs dans le sable. A peine arrivés sur la plage que nous en apercevons une qui sort de l’eau. Elle est tout simplement gigantesque ! Silver fait partie de l’association Kwata pour la protection de la nature qui travaille à la protection et la conservation des tortues marines de Guyane notamment.  Il connait donc les règles à respecter : - ne jamais rester sur la trajectoire d’une tortue ; - ne jamais l’éclairer directement, d’émettre des signaux lumineux à proximité ou de prendre des photos avec flash, au risque de la perturber ; - ne pas s’approcher trop près ; - les photos (au nombre réduit d’une par [...]

Par |27 avril 2014|Aurélie|6 Commentaires

Echappée belle en forêt – le sentier du Rorota

Jeudi, à la pause du midi, nous avons pris la clé des champs – ou plutôt  de la jungle – pour aller déjeuner en forêt. Pas la peine d'aller très loin du bureau : la forêt amazonienne sommeille sous le bitume, dressant ses remparts tout autour de la ville. A peine dix minutes de voiture et nous nous approchons déjà de ses portes. Il faut savoir qu'à Cayenne, il existe quelques sentiers aménagés le long du littoral, de façon à offrir aux promeneurs des paysages sur la mer ou sur la ville, depuis le haut des nombreux monts qui s'élèvent le long de la côte. Parmi eux, le sentier du Rorota, qui s'engage dans la forêt, grimpant sur le flanc d'une petite colline sur 350 mètres. Il décrit une jolie boucle de 3,4 km, soit 2h30 de marche environ et offre un superbe point de vue sur la côte. C'est Quentin qui joue les guides, habitué des randonnées et des sorties nature. J'ai beau avoir déjà marché en forêt, l'impression de dépaysement est toujours aussi forte. Ici, pas un seul arbre de métropole mais des espèces tropicales à foison, étendant leurs branches au-dessus de nous. Des bananiers, des papayers, des arbres à liane, des bambous, des espèces de palmiers aux troncs recouverts d'épines ; et puis, le bruit de la forêt, propre au milieu équatorial, où se mêlent chants d'oiseaux, vrombissements d'insectes et craquements de branches sur notre passage. Nous ne sommes pas seuls par ici ! C'est Quentin le premier qui nous fait signe de lever les yeux. Là, à une dizaine de mètres du sol, enlacé à une branche, un paresseux baisse la tête vers nous, affichant son sourire de bienheureux. Suspendus aux [...]

Par |13 avril 2014|Aurélie|9 Commentaires

La tête dans les étoiles

Ce samedi était programmé le décollage d’une fusée Ariane 5 depuis la base spatiale de Kourou. Retour sur un évènement peu commun auquel j’ai eu la chance d’assister ! *** Toutes les informations figurant ici ont été tirées du site Internet du Centre National d’Études Spatiales ou CNES Le Centre Spatial Guyanais Plusieurs raisons ont poussé la France à choisir la Guyane pour installer une base de lancement de fusées. La latitude du département est idéale pour les placer en orbite : le site est le plus proche de l’équateur afin de permettre des lancements plus économiques et la Guyane est géographiquement stable, n’étant exposée ni aux tremblements de terre ni aux cyclones. C’est donc à Kourou, ville sur le littoral à 1h en voiture depuis Cayenne, qu’a donc été implanté en 1964 le Centre Spatial Guyanais ou CSG. Base de lancement française et européenne, c’est d’ici que sont parties pour l’espace des fusées françaises, italiennes et russes qui lancent en orbite les satellites géostationnaires. On trouve sur la base trois types de lanceurs : le lanceur Ariane 5, le lanceur Vega (en italien Vettore Europeo di Generazione Avanzata c'est-à-dire lanceur européen de génération avancée) et le lanceur russe Soyouz. En moyenne, le rythme des lancements oscille entre 8 et 10 par an. Ariane 5 en chiffres Masse au décollage : 750 à 780 tonnes, soit 10 % du poids de la Tour Eiffel ; Hauteur : 47 à 57 mètres ; 130 secondes pour brûler les 237 tonnes de poudre de chaque propulseur ; Un moteur Vulcain dont la puissance est équivalente à une centrale atomique ; 700 000 heures de travail délivrées par près de 6 000 agents européens aux heures les plus intenses du programme ; Coût d’un lancement : près de 150 [...]

Par |23 mars 2014|Aurélie|7 Commentaires

Nuit en carbet sur la route de Cacao

Salut à tous ! Au cours de cet article, je vous emmène dans la forêt amazonienne... J'annonce cependant : c'est un vrai roman ! Enfin, vous me connaissez, je ne fais jamais dans la demi-mesure :) J'espère que vous êtes bien installés - bonne lecture ! *** Samedi dernier, après une semaine très éprouvante (comprendre : deux jours de boulot pour trois jours de Carnaval), je me lève, décidée à profiter de mon premier week-end en Guyane. Programme du jour : faire le marché de fruits et légumes de Cayenne – qui a lieu chaque mercredi, vendredi et samedi matin – puis petite sieste digestive en début d'après-midi et pourquoi pas, plage en guise de point final à cette journée. Je suis bien loin d'imaginer ce qui va m'arriver réellement ! C'est donc vers 10h que je m'apprête à quitter la maison en vélo. Le centre-ville et la place du marché est à 15min. La chaleur est déjà là... Un peu de crème solaire et c'est parti ! Au moment où j’enfourche mon bolide à pédales, une voiture se gare dans l’allée : c’est Morgane, ma coloc, et deux de ses amies Claire et Marion. Apprenant que je vais au marché, elles me proposent de m’emmener en voiture car elles y vont aussi : nous voilà donc parties pour le marché de Cayenne ! Alors que nous déambulons entre les étals, la discussion se tourne vers une sortie carbet prévue ce week-end. En Guyane, un carbet est une sorte de cabane en bois, en général privée d’eau et électricité, parfois dressée sur pilotis, possédant un toit et assez grande qu’il soit possible d’y installer son hamac. Le département en compte probablement un bon millier : privés ou ouverts à [...]

Par |15 mars 2014|Aurélie|5 Commentaires

Cayenne au rythme du Carnaval – Les trois Jours Gras

Avant de décrire ce début de semaine festif, j’aimerais faire un point sur les bals masqués du Carnaval de Guyane qui ont lieu dans les dancings de la ville, appelés aussi « Universités de danse ». Croisement entre une boîte de nuit et un bar, on y entre pour boire et danser. A Cayenne, il existe deux dancings principaux : Le Soleil Levant –  appelé plus communément Nana – et Polina. De véritables institutions du Carnaval ! Ce samedi soir dernier – comme tous les samedis du carnaval d’ailleurs – a lieu les traditionnels bals des Touloulous. Figure emblématique du Carnaval, les Touloulous sont des femmes masquées et parées de superbes costumes. La tradition veut que personne ne puisse les reconnaître : aussi, les Touloulous ne doivent rien laisser paraître. Pas un morceau de peau ne doit être laissé au regard extérieur… Robes longues dignes de hautes maisons de couture, masques et gants sont donc de rigueur. Certaines femmes vont même jusqu’à changer leur voix – voire se rendre muettes – ou modifier leur silhouette à l’aide de coussins bien placés ! Les dancings sont les antres des Touloulous. Chez Nana ou chez Polina, ce sont elles qui choisissent leurs cavaliers sur la piste ; le contraire est interdit ! De même, les femmes non masquées ne peuvent pas inviter les hommes à danser. Les Touloulous sont donc les vraies reines de la fête, auréolées de mystère. J’ai pu assister au bal masqué chez Nana samedi dernier, le dernier du Carnaval. Avec ma coloc et plusieurs de ses collègues, nous sommes restés parmi la foule, postés à l’extérieur du dancing, de façon à assister à l’arrivée des Touloulous, toutes portant de superbes robes colorées. La coutume veut d’ailleurs qu’il soit interdit de [...]

Par |9 mars 2014|Aurélie|2 Commentaires