Flora

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Des ailes et du papier glacé

Prochainement sur vos écrans ... ... les grues de Montier-en-Der! (et plein d'autres merveilles) Tenez-vous prêts!

Par |24 novembre 2014|Champagne-Ardenne, Flora|4 Commentaires

« J’étais dieu, tout simplement, parce que j’étais homme. »

Il est des livres qui vous touchent en pleine âme, jets d'encre fusant à travers le temps jusqu'à infuser dans vos veines. Des livres qui n'étaient qu'une lointaine évocation dans les années précédant votre confrontation directe, quasiment charnelle, avec eux, et qui n'en ont eu que davantage d'impact sur votre être. Les Mémoires d'Hadrien, écrits par Marguerite Yourcenar en un quart de siècle, constituent l'un de ces livres, où le lecteur reçoit un écho à ses pensées ou émotions. Sur son lit de mort, l'empereur romain Hadrien (76-138) adresse une lettre au jeune Marc Aurèle, son petit-fils adoptif. Cette lettre devient un prétexte à l'évocation d'une vie consacrée à la paix, l'écoute de l'autre, les voyages dans tout l'empire, l'art, la prise de décisions ardues, et, avant tout, à l'amour. La grande passion de sa vie fut le jeune Antinoüs, avec lequel il partagea quatre années dont le récit illumine ce roman. Cette passion eut un dénouement fatal: Antinoüs, idéaliste et craignant de perdre l'amour d'Hadrien, décide de prolonger la vie de l'empereur par son suicide dans le Nil, à l'âge de vingt ans. Dans son esprit, il s'agissait également de muer un sentiment amoureux par trop éphémère en une éternité mémorable, avant l'indifférence et le rejet. Hadrien, via la plume de Marguerite Yourcenar, évoque sa souffrance extrême suite à ce drame. Il fonde une ville en son honneur au bord du fleuve qui l'a emporté, Antinoupolis, et déifie son compagnon disparu. Le culte d'Antinoüs deviendra par la suite la dernière grande religion avant l'éclosion du christianisme. De nombreuses statues furent sculptées à l'effigie du jeune Grec, et il est fort probable que vous ayez croisé son profil lors de vos pérégrinations, puisqu'il est devenu, grâce [...]

Par |14 novembre 2014|Critique de livre, Flora|3 Commentaires

Miscellanées parisiennes

Il nous arrive de l'abhorrer, et pourtant Paris regorge encore de pépites, crépitant dans leur enceinte de bitume et d'air vicié. Depuis mon retour dans la cité des Columbidés, nombre d'entre elles ont illuminé mes journées. Cet article n'a pas vocation à être un plaidoyer, mais bien plutôt un recueil de beautés qui m'ont touchée et intriguée. Autant mettre cela derrière nous d'entrée de jeu, il ne sera pas question ici de Tour Eiffel. Cette photographie l'illustre bien, en la maintenant au loin, comme noyée sous la végétation qui semble la cerner de toute part. Nous sommes au cœur de l'île St Germain, petit joyau de verdure de vingt hectares où il fait bon se perdre et bouquiner sous les feuillages. Les sons de la ville ne s'y distinguent pratiquement plus, recouverts par le chant des oiseaux. En bordure de Paris, à Issy-les-Moulineaux, ce parc départemental n'a trouvé sa vocation actuelle qu'au début des années 1980. Au VIème siècle, l'île était la propriété de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Les moines y cultivaient leurs potagers, dont subsiste aujourd'hui un verger. Divers projets démesurés de quartier résidentiel menacèrent tour à tour les terrains, avant que l'armée n'y campe à partir de 1873, tandis que la partie en aval de l'île hébergeait près de 2 000 habitants, une quarantaine de commerces et diverses activités polluantes. L'opération de réhabilitation lancée à la fin des années 70 combina création d'espaces verts dédiés aux loisirs en amont et « laboratoire d'architecture » en aval, notamment la construction d'immeubles signés Jean Nouvel et Philippe Starck. Retour sur les pavés: l'architecture est parfois surprenante dans la capitale, comme ici pour l'Institut d'Art et d'Archéologie, rue Michelet. Ce bâtiment, édifié de 1925 à 1930 par l'architecte [...]

Par |13 octobre 2014|Flora, Issy-lès-Moulineaux, Paris|5 Commentaires

Le Bois de buis sous la pluie

Blason de Gorges (source: wikipedia.fr)  Au Sud-Est de Nantes, bordant la Sèvre et encerclée par les vignes, la petite commune de Gorges abrite un espace naturel rare, où faune et flore s'ébattent joyeusement. Cet ENS (Espace Naturel Sensible) est le Bois de buis, d'une surface de 3 hectares. Anciennement partie intégrante du domaine de l'Oiselinière, attenant à son château, le Bois est à présent la propriété du Conseil Général de Loire-Atlantique, afin de préserver les essences qui s'y dressent et les espèces qui y nichent. Le château de l'Oiselinière est aujourd'hui un domaine viticole, et arbore le style italianisant qui avait tant le vent en poupe dans la région au large du 19ème siècle. Château de l'Oiselinière (source: vinsvaldeloire.fr), où du muscadet peut être dégusté  Cette villa, construite entre 1822 et 1835, fut la dernière demeure du général Louis-Alexandre Audibert, résistant puis député de la Loire inférieure. ________________________________ Pénétrer dans le Bois de buis est une expérience en soi, évoquant l'évolution à l’œuvre depuis sa création. Son agencement originel reposait sur la symbolique des arbres: à l'Ouest, se dressait du buis, gage d'immortalité, tandis que les chênes à l'Est mettaient en garde contre la vieillesse, annonciatrice de la mort. Si le temps n'a pas tout à fait effacé cet ordre pensé par ses créateurs, le chaos a plus ou moins repris ses droits aujourd'hui, les interventions légères des services techniques du Conseil Général s'efforçant de conserver le plus de refuges possibles à la faune abondante des environs. Les arbres morts ayant chu sont ainsi laissés au sol, et font la joie des espèces xylophages. Cet espace est assez unique en Europe pour sa présentation de buis de tout âge, qui réjouit l'avifaune. Toxique pour l'homme, [...]

Par |22 août 2014|Flora|6 Commentaires

Centenaire de BT – Lecture au coin de l’ordi

Chers Blog-Trotteurs, Il y a un peu moins d'un an, je vous faisais part d'un passage du livre Cien años de soledad qui m'avait touchée, et je l'exprimais en les termes suivants: "L’épisode m’ayant le plus marquée dans cette immense épopée est certainement celui du syndicat de l’entreprise bananière. Après des grèves et manifestations innombrables en vue de l’évolution de leurs conditions de travail tout à fait indécentes, les ouvriers de cette plantation voient débarquer un beau matin l’armée, qui les somme de se réunir sur la place de la ville. Le peuple, espérant l’annonce d’une décision du gouvernement quant à ce mouvement syndical, accourt et prépare stands, fanfare et autres festivités afin de célébrer l’obtention des réformes. La foule médusée s’entend alors décrétée par un général coupable de la peine capitale, dont l’exécution sera réalisée sur le champ. Les mitraillettes encerclant la place effectuent leur sale travail et massacrent trois mille personnes, femmes, enfants, ouvriers, passants. L’armée les entasse ensuite dans deux cent wagons et jette leurs corps à la mer. Dans ces pages d’une beauté lapidaire, on décèle aisément le grondement sourd de celui qui veut transmettre son indignation face à ce genre de traitements, hélas peu fictifs en Amérique du Sud. Cette impression d’injustice et d’écœurement me restera longtemps gravée au corps et à l’âme, je le pressens." http://www.blog-trotteurs.com/2013/08/27/cien-anos-de-soledad-gabriel-garcia-marquez/ Aujourd'hui, pour célébrer le centenaire de notre très cher site, j'aimerais vous faire découvrir ce fameux extrait, via un enregistrement audio, pour lequel vous voudrez bien excuser mon accent perdu, la qualité pourrie du son et mes nombreux tâtonnements, ainsi que le texte original du grand Gabriel García Márquez. J'espère que le lecteur fonctionnera pour vous, n'hésitez pas à le dire autrement. [...]

Par |7 août 2014|Flora|2 Commentaires

Un dragon pour Zelda

Aux abords de Nantes, le climat extrême qui sévit a des conséquences inattendues sur ce doux animal communément désigné par le terme de dragon (Peligrosae carnea). Quelle que soit la saison, il semble en effet contracter un rhume carabiné qui lui ôte tout pouvoir incendiaire. Inconscient de cet état de fait (le cerveau du dragon n'a pas encore été découvert par les scientifiques qui concluent, roussis, à son absence probable), il persiste à recourir à ses crachats réguliers, d'où l'existence des bruines que vous pourrez fréquemment observer en des points très localisés de la ville, laissant épargnée la partie chanceuse de l'humanité, qui ne vous contient apparemment pas. Dommage! En un square bien précis de Nantes, le square Mercoeur, se prélasse un terrrrrible monstre dévoreur d'enfants. Leur chair tendre le ravit tant qu'il en est devenu sédentaire, là où nombre de ses congénères chérissent leur liberté si âprement conquise (cf la guerre des 100 clochers partis en fumée, du 2 au 3 juin 1376). Malheureuse, ne t'aventure pas dans son antre! Cette présence s'est vite muée en un vif problème de santé publique, lorsque les individus du quartier d'un âge inférieur à 10 ans se sont révélés répondre à un mystérieux signal chimique qui les menait tout droit vers la gueule du dragon. La nature de cette molécule n'a pas encore été identifiée, mais les services concernés travaillent d'arrache-pied à cette seule fin. Bonus: Pendant ce temps, dans une contrée voisine, un rhinocéros mâtiné de poussin sous ecstasy tente de dévorer Dorine. Lisez l'effroi et la souffrance réunis sur ses traits! Une lutte acharnée l'attend, et elle le sait fort bien. Et l'autre se fend la poire. (Installation dans le cadre du Voyage à Nantes, [...]

Par |27 juillet 2014|Flora|6 Commentaires

Des hauteurs ligériennes

Aujourd'hui, admirons la Loire, roi des fleuves s'étirant majestueusement aux côtés des Nantais. La voici à son entrée dans la ville, petit filet visible depuis la tour de Bretagne. Au premier plan se dresse la cathédrale, dont les flèches semblent désigner le Jardin des Plantes juste derrière. A droite de celui-ci, la gare SNCF attend ses voyageurs, et la haute tour bleue qui pourrait vous intriguer en haut à gauche est l'usine d'incinération de Nantes Métropole. Elle serpente ensuite langoureusement, s'offrant à la vue des passants et rêveurs. Vue depuis la tour Dobrée, que j'avais mentionnée dans un autre article. Le dôme est celui de l'église Notre-Dame de Bon-Port. Comme son nom le laisse supposer, elle avait pour vocation le soutien aux nombreux marins nantais embarquant vers l'inconnu. Une belle lumière rosée hante ces lieux, dotant le mobilier d'un vernis pastel soyeux. Vous distinguez au loin la grue "Titan" jaune du Hangar à bananes, haut-lieu de la nuit nantaise, où il fait bon se promener au soleil couchant, lorsque les anneaux de Buren s'illuminent. La Butte Sainte Anne se dessine à l'horizon, écrin du musée Jules Verne et de l'église éponyme.  Le Hangar à bananes tire son nom de ses fonctions passées d'accueil des fruits jaunes en provenance de Guadeloupe, Guinée et Côte d'Ivoire. Dans les années 30, l'on pouvait y décompter jusqu'à 93 grues réparties sur les 6 kilomètres de quais, tout ceci afin de faire transiter 3 millions de tonnes de marchandises. Source: hangarabananes.fr Les bombardements des Alliés eurent raison de près de 80% du site, qui fut reconstruit après la guerre. Cependant, Nantes ayant peu à peu perdu sa main-mise sur le commerce avec les Antilles, du fait de l'indépendance acquise par [...]

Par |24 juillet 2014|Flora|6 Commentaires

Sous une voûte d’azur et de sel

Port du Croisic au petit jour […]

Par |24 juin 2014|Dorine, Flora|4 Commentaires

Le retour – Vestiges

Vif lecteur, pour mon absence excuser, Ce poème affligé veux bien trouver. Sans lien pour transmettre toutes ces émotions, Allègrement j’enfourchai mon crayon Et dégainai mon filet à images. De mes joies le nez vers les nuages, Tu trouveras des récits enchantés Et la venue de notre ami l’été. _______ Aux abords du muséum d'histoire naturelle, un discret bâtiment s'élève du sol nantais. Le musée départemental Dobrée, du nom de son illustre concepteur, est un lieu d'art, d'archéologie et d'histoire. Ours et volatiles y cohabitent en toute quiétude Thomas Dobrée, doté d'un géniteur fort riche, se retrouva en 1828 à la tête d'une immense fortune, qu'il consacra à l'acquisition de mobilier et œuvres d'art du Moyen-Age et de la Renaissance, périodes qu'il affectionnait particulièrement. Pour abriter ses collections (sa cave n'y suffisait plus), il décida d'ériger un grand palais d'inspiration médiévale sur des parcelles dites du "domaine des Irlandais", grand jardin fuyant en pente douce vers la Loire. Relique de ces origines verdoyantes Le palais est caractérisé par une tour carrée sur laquelle l'ami Dobrée a fait graver l'inscription bretonne "Ann dianaf a rog ac'hanoun", autrement dit " L'inconnu me dévore ", inscription surmontée d'un charmant dragon cramponné à un cœur de pierre rouge (craindrait-il de chuter?). Styles roman et gothique s'entremêlent joyeusement sur ces lieux. Le-dit lézard et son rubis Cette image m'évoque l'expo d'Emmet Gowin qui se tenait à Madrid l'été dernier (http://dispara.org/tienda/699-4074-thickbox/emmet-gowin.jpg) Au sein du parc d'un hectare se dressent également le manoir de la Touche et le bâtiment Voltaire. Le manoir de la Touche date du 15ème siècle, tandis que le bâtiment Voltaire, érigé dans les années 70, abrite l'exposition permanente d'archéologie régionale. Cet édifice s'est mué en musée grâce aux [...]

Par |3 juin 2014|Flora|5 Commentaires

L’éveil des imaginaires

Dans une cave poussiéreuse, parmi d’autres trésors oubliés, existe une série de livres à la reliure rouge parcourue d’un liseré doré. Leurs couvertures sont ornées de dessins de ballons, de navires, de machineries étranges, avec au loin des monstres polymorphes, le tout grouillant sous des cieux annonciateurs de catastrophes soudaines ou d’aventures inoubliables. Au premier plan, un homme s’avance crânement, brandissant un objet pourfendeur, de corps ou d’ignorance. D’autres figures l’entourent, mais c’est lui seul qui semble détenir la clé pour s’extraire de ce capharnaüm. Ouvrir l’un de ces livres est courir le risque de s’exposer à l’écriture de l’un des maîtres de l’évasion, de l’inconnu que l’on explore et dévore à pleines dents. En attendant la reprise ou l’initiation de cet acte physique qui consiste à s’immerger cœur et âme dans un livre de Jules Verne, conquérons son univers via le musée qui lui est dédié à Nantes, ville dont il est originaire. ________ Avant même l’entrée dans le bâtiment surplombant la Loire qui abrite ce musée, deux statues constituent une entrée en matière touchante. Jules Verne enfant, le menton appuyé sur l’un de ses genoux replié sous lui, regarde pensivement son futur personnage, le capitaine Nemo. Œuvres d’Elisabeth Cibot, 2005 Une fois au sein du musée, le visiteur est d’emblée mis devant le fait accompli : le succès de cet auteur, incarné par un buste barbu, succès commercial lui ayant permis d’accumuler de son vivant divers signes extérieurs de richesse (fauteuils, bibelots, tableaux, ...). A ce portrait de l’âge mûr succède aussitôt l’enfance, bercée par la Loire et les navires la chevauchant quotidiennement. Vue sur Nantes depuis la butte Sainte-Anne (emplacement actuel du musée) Citation de Jules Verne Sa famille apprécie les arts et [...]

Par |24 avril 2014|Flora|4 Commentaires