L’excursion en chiffres

        Nombre de participants : 4

        Voiture : 1

        Distance : 133 km

Préambule

blason_Verdun

Il y a des noms que l’Histoire a marqués d’une pierre rouge… Verdun est aujourd’hui une commune paisible de Lorraine ; la ville, son cœur traversé par la Meuse et un réseau tranquille de canaux, porte en son sein de nombreux monuments et sites de mémoire.

Car Verdun est le théâtre de la plus longue bataille de la Première Guerre mondiale et la plus coûteuse en vies humaines. Dix mois de souffrances et d’horreur – du 21 février au 19 décembre 1916 –, 700 000 hommes, allemands et français confondus, tombés au combat pour un résultat militaire nul. La bataille, à défaut d’avoir fait gagner du territoire à l’un ou autre camp, restera une victoire défensive pour la France à l’issue de nouvelles offensives en août 1917, et un symbole témoignant de la résistance des combattants français.

Soixante-dix ans plus tard, l’ONU fera de Verdun la capitale mondiale de la Paix, des Libertés et des Droits de l’Homme.

Récit d’excursion

Elodie au volant de sa DidiMobile, nous quittons Nancy à 9h. Le département de la Meuse nous tend les bras : toutes roues dehors, direction nord-ouest ! Terres agricoles, plaines et forêt aux couleurs de l’automne… Nous entrons dans Verdun après un peu plus d’une heure et demie de route.

Nous nous arrêtons sur les berges de la Meuse, à deux pas du centre-ville et ses rues piétonnes, pour entrer dans l’office de tourisme. Nous ressortons quelques minutes plus tard avec une carte des champs de bataille : cette après-midi, randonnée dans la forêt, là où presque cent ans auparavant les hommes se battaient sur le front.

Mais avant, la matinée sera consacrée à un rappel historique sur les débuts de la Grande Guerre et le rôle que Verdun a joué dans le déroulement des combats.

verdun_citadelleLa citadelle souterraine

La citadelle de la ville et ses sept kilomètres de galeries sous terre ont servi de centre logistique durant la Première Guerre mondiale et de base arrière lors de la bataille de Verdun de l’année 1916. Magasins de poudre et de munitions, fours à pain, cuisines, dortoirs et infirmeries : jusqu’à 2000 hommes s’y abritaient là, la plupart en transit avant de gagner le front. C’est aussi au cœur de la citadelle, le 10 novembre 1920,  que fut choisi le soldat inconnu qui repose désormais sous l’Arc de Triomphe de Paris.

Nous montons à bord d’un petit train qui s’enfonce dans les galeries souterraines. Une véritable reconstitution de la vie telle qu’elle était dans la citadelle entre 1914 et 1918, lettres de poilus et films reconstituant des scènes historiques à l’appui.

Quittant la citadelle, nous restons dans Verdun pour profiter de la ville le temps du déjeuner. Un peu partout, parsemés dans la partie basse, des sites de mémoire, notamment le très impressionnant monument de la Victoire.

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Arrêt au magasin d’usine des dragées Braquier. Spécialité culinaire de Verdun, l’usine en produit depuis 1783, suivant une recette artisanale qui fait le succès de la confiserie.

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Nous avons droit à une petite dégustation avant de craquer sur quelques paquets.

Des visites guidées gratuites de l’usine sont proposées ; mais la randonnée nous attend : quittant la ville pour de bon, nous faisons route vers la terrible « zone rouge ».

C’est au nord-est de Verdun que se trouve la « zone rouge », un secteur de 15 km² où s’est déroulée la terrible bataille de Verdun. Les champs de bataille, au paysage creusé par les trous d’obus, sont aujourd’hui recouverts d’un vaste domaine forestier qui s’étend sur le territoire de plusieurs communes. On y trouve là les neuf villages-mémoire, sanctuaires et hauts lieux du souvenir.

Nous nous arrêtons au sud du village détruit de Douaumont où se sont déroulés les plus violents combats. Point de départ de notre randonnée : la Nécropole nationale de Douaumont.

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Faisant face à l’ossuaire, le cimetière compte 15 000 croix blanches. Les corps des soldats non identifiés reposent quant à eux dans le sous-sol de l’ossuaire.

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Première construction : l’ouvrage de Thiaumont. Il n’en reste que quelques ruines au centre d’une clairière : complètement détruit par les bombardements, quelques murs de l’observatoire ont tenu bon. Autour, un relief de creux et de bosses, façonné par les trous d’obus.

 

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Sur le chemin, nous tombons sur plusieurs abris de combat, notamment les PC 118 et PC 119, partiellement ravagés. Maigres refuges pour les combattants français, ils étaient au cœur des convoitises allemandes et subirent de nombreuses vagues d’assaut.

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Nous continuons notre chemin dans la forêt, le sentier rendu boueux par la pluie de la veille. Encore quelques abris sur la route, perdus sous les arbres, la végétation achevant de recouvrir leurs toits.

Nous finissons par atteindre le dernier site de notre carte de randonnée : l’ouvrage de Froideterre.

Le fort de Froideterre est un ouvrage d’artillerie. Armé de mitrailleuses sous coupole, d’une caserne et de blocs de tirs, il occupait un rôle défensif mais aussi d’abri – jusqu’à 150 hommes pouvaient y trouver refuge en 1916. Seule faiblesse : les ressources en eau, situées à plusieurs centaines de mètres du fort.

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Nous revenons par la route jusqu’à notre point de départ. En voiture ! Cette fois, direction Fleury-devant-Douaumont, l’un des plus impressionnants village-mémoires.

Fleury-devant-Douaumont est l’un des neufs villages détruits de la « zone rouge », déclaré mort pour la France. Au cœur du secteur de Verdun, il sera entièrement rasé en 1916, pris au piège du chassé-croisé des obus français et allemands.

Entouré par la forêt, il ne reste pas un seul mur de pierre encore debout. Des plaques commémoratives indiquent les bâtiments qui s’y dressaient avant les bombardements. Ici, une exploitation agricole ; là, un café-épicerie.

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 L’heure tourne et nous remontons en voiture, roulons en direction du sud, espérant atteindre notre dernière étape avant que la nuit tombe. C’est à Saint-Mihiel que nous nous arrêtons dans les bois pour gagner la tranchée des Bavarois, l’une des rares tranchées de Meuse ayant survécu aux bombardements.

Malheureusement, l’obscurité nous rattrape alors que nous nous enfonçons entre les arbres. Nous revenons sur nos pas, non sans avoir entr’aperçu la fameuse tranchée, et ressenti son sombre passé.

Ainsi s’achève notre excursion à Verdun, symbole de la Grande Guerre. C’est là, sur les champs de bataille, marchant dans un paysage marqué par les trous d’obus où sont tombées des âmes par milliers, que l’on prend pleinement conscience de la souffrance endurée et de l’enfer des combats dans toute son ampleur.

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