Archives mensuelles : mai 2014

L’énigme d’El Niño

Lorsque je suis arrivée en Guyane, je n’avais qu’une crainte : souffrir de la terrible saison des pluies et son apogée aux mois de mai et juin. Ici, les averses tropicales ont de quoi faire frémir… La hauteur moyenne annuelle des précipitations plafonne à 3000 mm quand Paris affiche une hauteur de 650 mm par an !  Grossièrement, on peut diviser le climat équatorial guyanais en deux saisons : la saison des pluies, s’étendant entre mi-novembre et début juillet ; et la saison sèche le reste de l’année, avec un pic de chaleur en octobre.  Ci-dessous, les moyennes annuelles en termes de température et pluviométrie à Cayenne : On observe généralement au mois de mars une brèche dans la saison humide où les jours de ciel bleu reprennent le dessus sur la pluie : c’est le petit été de mars. Cependant, durant la grande saison des pluies – période de mon stage - les averses violentes peuvent provoquer des inondations et rendre les routes impraticables. Le mois de juin, le plus pluvieux, est d’ailleurs le mois de fermeture annuelle des commerces. De quoi être prévenu ! Cette année, le petit été de mars s’est bien senti, suite aux mois pluvieux de janvier et février. Le souci, c’est que le ciel bleu s’est maintenu depuis, le soleil entrecoupé de quelques averses violentes… mais pas de quoi annoncer la grande saison des pluies ! Aubaine pour les vacanciers et les week-ends excursions, mais une catastrophe pour les agriculteurs et les écosystèmes si la sécheresse venait à s’attarder. Pour expliquer ce phénomène, un mot revient sur toutes les lèvres, empreint de mystère : El Niño. A force d’entendre prononcer son nom, j’ai fait mes petites recherches… Lumière sur un phénomène aux répercussions planétaires ! Alors qui est El [...]

Par |30 mai 2014|Aurélie|2 Commentaires

Coup de pagaie en forêt inondée

A trois jours du départ pour Saül et la rando en forêt, me voilà obligée de tirer une croix sur l’aventure. La Guyane ne se laisse pas découvrir si facilement… Comme tant de gens avant moi, me voilà frappée par un mal inconnu. Fièvre, frissons, chute de tension : un moustique serait passé par là ? Visite éclair chez le médecin après une nuit difficile et un malaise le matin même. Pourtant, je ne présente aucun des symptômes typiques du palu. Mes anticorps parleront à ma place : direction l’Institut Pasteur pour une prise de sang. La réponse survient le lendemain : rien. Négatif. Ni palu, ni dengue. En réalité, les symptômes correspondraient à un parasite. Un ver dans mon ventre ! Les joies perverses de la Guyane ? Quoi qu’il en soit, la bestiole a beau avoir réduit en poussières mes espoirs pour Saül, elle ne m’obligera pas à rester enfermée tout le week-end. Car ce samedi, je m’en vais pagayer sur la crique Gabriel ! Présentée comme la plus belle de Guyane, la crique Gabriel est située à 35km à l’est de la ville-capitale de Guyane et se jette dans le Mahury, dont l’estuaire dessine les frontières de l’île de Cayenne. Elle traverse marécages, savane inondée et forêt, s’ouvrant au fil de l’eau à des paysages très différents… et de ce fait, à une faune diversifiée. Singes, oiseaux essentiellement et même, avec un peu de chance, la vision furtive d’un morpho ! Le rendez-vous, point de départ de la balade, est fixé à 8h à Roura, bourg créole situé à l’est de Cayenne, à 40min de voiture environ. Nous formons un groupe de sept, avec mes colocs et des amis. Arrivés au carbet, gilets de sauvetage et touques sont distribués. [...]

Par |25 mai 2014|Aurélie|3 Commentaires

L’enfer du bagne #2 – les Iles du Salut

Au nombre de trois, elles montent la garde au large de Kourou. L’histoire les a affublées de nombreux noms… Retour historique sur l’implantation d’un enfer au paradis. La Guyane a longtemps résisté à toute tentative d’occupation, mises à mal par les conditions de vie difficiles sur place, alliant fièvre jaune, mauvais rapports avec les peuples Amérindiens et dissensions au sein même des colonies. En 1763 cependant, la France décide de frapper un grand coup pour bâtir une colonie européenne d’agriculteurs dans l’ouest : c’est l’expédition de Kourou. Près de 12 000 colons débarqueront entre 1763 et 1765 ! Cependant, paludisme, fièvre jaune et typhoïde déciment la nouvelle colonie. Seuls 1800 d’entre eux choisiront de rester sur les terres du littoral, trouvant refuge sur les trois îles au large de Kourou, rebaptisées îles du Salut après qu’ils aient retrouvé la santé. Sur ces minuscules îlots de terre entourés par des courants violents, plus un moustique : c’en était fini des maladies qui décimaient les colonies. Les trois îles devinrent alors le refuge des survivants. Un salut éphémère… Bien plus tard (1793), la Première République y construit une forteresse pour accueillir les premiers déportés politiques : les îles prennent alors le nom de triangle maudit. Finalement, c’est en 1854 que l’administration pénitentiaire marque à jamais leur histoire en y instaurant l’un des bagnes les plus sévères au monde – mais l’un des moins durs de Guyane. Près de 70 000 prisonniers y seront envoyés ! L’archipel, composé de trois îles, réunit en effet toutes les conditions nécessaires : petit, il est facilement surveillé, bénéficie d’un climat sec et ventilé donc très salubre, et est entouré de requins freinant toute tentative d’évasion… les squales étant attirés par le sang déversé dans la mer depuis l’abattoir situé [...]

Par |17 mai 2014|Aurélie|4 Commentaires

Australia, land of contrasts

Je suis tombé par hasard sur des photos de mon voyage en Australie et je me suis dit : «  Mais j’ai encore plein d’articles à écrire ! » Alors je m’y mets ! Ce pays me manque. Ne vous méprenez pas, la ville dans laquelle je vis actuellement me plaît beaucoup. Et oui, je suis Nantaise désormais ! Mais je vous emmènerai, pendant quelques temps encore, sur les terres rouges australiennes. Vendredi 16 août 2013 Quatre jours de pure aventure à venir ! J’ai réservé une excursion de 4 jours ! A moi la côte australienne, les paysages désertiques, les étendues sauvages – en route pour Monkey Mia ! C’est donc à 6h00 du matin que je me réveille (difficilement) pour rejoindre le lieu de rendez-vous du groupe, la Bell Tower. Arrivée près de la tour, je croise un groupe de personnes vêtues de chaussures de marche, de sacs à dos et d’oreillers, pas de doute c’est bien mon groupe. Cette information se confirme lorsque je remarque la présence d’un homme coiffé d’un chapeau d’aventurier, d’un short (alors qu’il fait super froid !) et de chaussures de marche : le cliché de l’aventurier aussie ! Je fais la connaissance des gens composant mon groupe : il y Harietta, une femme de petite taille de 31 ans vivant aux Pays-Bas ; Annie, une femme française reconnaissable à son accent et Franziska, une jeune femme suisse mais de la zone allemande. Mes premières rencontres sur ce voyage. Nous attendons impatiemment notre bus dans le froid. Il arrive enfin ! Nous mettons nos affaires à l’arrière et nous installons dans notre véhicule. Notre guide entre à notre suite, elle aussi très australienne : blonde, type surfeuse et surnommée Shaz. Après de courtes présentations, nous voilà partis sur les routes. Voici le chemin [...]

Par |17 mai 2014|Dorine|3 Commentaires

L’enfer du bagne #1 – les camps forestiers

Avant d'entamer cet article, petit retour historique sur la Guyane de la seconde moitié du XIXe siècle... alors gigantesque administration pénitentiaire (AP). Source : http://lesangesgardiens-ap.blogspot.com Lorsqu'en 1848, le Code Noir (1685) - dictant les rapports entre les maîtres et esclaves - perdit toute valeur, l’économie coloniale française, reposant alors depuis près de 200 ans sur une société esclavagiste, fut sectionnée en deux. Seule solution pour pallier au manque de main d’œuvre et relancer le développement de la Guyane : faire de la colonie un lieu de déportation où seraient envoyés opposants politiques et délinquants issus de la métropole. Les bagnes sont créés. L'année 1854 signe le début de l'enfer. La population pénale est écartée de métropole et transportée dans les colonies, jusqu’en Guyane, pour y être condamnée aux travaux forcés jugés rédempteurs : ces déplacements massifs sont appelés transportation. Au-delà de huit ans de peine, les condamnés restent à vie ; en-dessous, ils pouvaient retourner en métropole une fois leur peine accomplie. A ses débuts, la commune pénitentiaire s’étendait le long du littoral, son camp central basé à Saint-Laurent-du-Maroni. Les conditions de vie étaient terribles, chaleur et maladies emportant les vies de nombreux forçats, sans oublier la malnutrition sévissant dans certains camps et l’hygiène précaire. L’espérance de vie moyenne dépassait rarement les 5 ans. Parmi les bagnes les plus célèbres, celui de Cayenne ou celui de Saint-Laurent-du-Maroni. On peut également citer le bagne des Iles du Salut. Cependant, les camps les plus terribles restaient les camps forestiers – baptisés camps de la terreur. Un homme sur deux n’en revenait jamais. Moustiques, insalubrité et malnutrition… Le rythme de travail, abattage d’arbres, y était insoutenable. Finalement, en 1938 est signée l’abolition de la transportation de la population pénale depuis la [...]

Par |10 mai 2014|Aurélie|4 Commentaires

Forêt, sable et océan – le sentier de Bourda

En ce jour férié, fête du travail, j’ai décidé de repousser ma grasse matinée au lendemain. Au programme : profiter de la fraîcheur de l’aurore pour explorer l’un des sentiers du littoral de Cayenne, le sentier de Bourda, à dix minutes en vélo de la maison ! En plein cœur des lotissements de la ville et surplombant la mer, s’élève le mont Bourda, l’un des massifs rocheux de l’île de Cayenne. Recouvert d’une forêt tropicale secondaire, c’est également un lieu de pèlerinage : le mont possède en effet son calvaire – crucifix – dont l’un des chemins qui y mène est un chemin de croix. A 6h exacte, je quitte la maison en vélo. L’air vibre au son du festival de reggae qui s’est poursuivi toute la nuit et ce, deux jours durant, mais je ne m’y dirige pas, préférant prendre le chemin de la plage. Sur la route, la pluie. Voilà un aléa dont je me serais bien passé : j’ai signé pour un lever de soleil, pas pour une douche matinale ! Heureusement, l’averse bat le pavé quelques minutes puis s’évanouit et je peux quitter mon abri, roulant sur la route désormais inondée. En Guyane, les pluies ne pardonnent pas : traverser la route quand c’est la douche et vous êtes trempés en atteignant le trottoir d’en face, averse tropicale oblige. Les joies de la saison des pluies ! Enfin, j’atteins la plage. Un rideau de nuages gris barre l’horizon, m’empêchant d’assister au lever du soleil sur l’eau proprement dit mais j’ai droit au spectacle du ciel qui s’éclaircit et aux troupeaux paresseux de nuages qui s’embrasent. Et puis, après une vingtaine de minutes tout au plus, la boule de feu finit par s’élever au-dessus des nuages… C’est le signal : [...]

Par |3 mai 2014|Aurélie|5 Commentaires