Archives annuelles : 2014

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Veillée apocalyptique au sommet de l’inselberg

Le terme allemand inselberg signifie littéralement montagne-île. Relief rocheux escarpé, il s’agit en réalité de la part résiduelle d’une plaine ou plateau – l’érosion s’est attaqué au paysage, sans emprise sur les matériaux plus durs de l’inselberg. En résulte une montagne isolée, dominant les alentours. Ces formations particulières se trouvent sur toute la planète, certaines très célèbres comme le Pain de Sucre (Pão de Açúcar en portugais) à Rio de Janeiro près du Corcovado, Uluru en Australie  ou encore Monument Valley aux Etats-Unis. En Guyane, les inselbergs sont nombreux, reliefs du bouclier guyanais. Ils surplombent les arbres et offrent des vues à couper le souffle sur la forêt amazonienne. Parmi eux, la savane roche Virginie est l’un des plus accessibles : située sur la route de Saint-Georges, un layon – sentier – y mène après une petite marche d’1h30 entre les arbres. Le nom savane-roche fait référence aux petits amas de végétation dispersés sur le granit des inselbergs guyanais, la flore caractéristique des milieux soumis à la sécheresse. Avertissement : le récit qui suit relate deux journées passées à la savane-roche Virginie. L’excursion a été conduite de façon inconsidérée dans des conditions météorologiques dangereuses, exposant notre groupe à des risques qui auraient pu être évités facilement avec une meilleure préparation. Cet article ne vise en aucun cas à conseiller ou aiguiller de potentiels voyageurs mais doit plutôt servir de contre-exemple. Ne jamais monter à l’assaut d’un inselberg sous la pluie ! Avertissement#2 : le récit - ou pavé - qui suit risque d'amputer vingt minutes de votre temps. Pour l'apprécier comme il se doit, l'auteure vous conseille un verre de Guarana bien frais à siroter entre deux paragraphes. A bons entendeurs...  *** Samedi dernier, Morgane, Stéphanie et moi [...]

Par |9 juin 2014|Aurélie|2 Commentaires

Skydiving

Un certain 1er juin 2014, à Nampa (Idaho) Fanny fit quelque chose d’extraordinaire dans sa vie : Un saut en parachute ! J’ai toujours rêvé de faire ça un jour ! Je me suis dit que c’était le meilleur moment pour le faire : dans un pays de rêve, où je suis heureuse et vis pleinement chaque moment. En bref j’ai sauté à 4000 mètres d’altitude, 35 secondes de chute libre et 4 min de descente en parachute. Je ne pourrai vous décrire exactement mes émotions pendant le saut, c’est indescriptible. C’était juste magique...

Par |4 juin 2014|Non classé|3 Commentaires

Au royaume des saïmiris

Encore un jour férié ! Et le Jeudi de l’Ascension qui plus est, me permettant de faire le pont. Quatre jours de week-end, ce serait un crime de rester à Cayenne ! Passant le repos à la trappe, je décide d’inaugurer avec Stéphanie ce premier des quatre jours d’excursions : aujourd’hui, nous prenons la mer ! Direction : l’Ilet la Mère, situé au large de l’île de Cayenne et du fleuve Mahury. Les premières traces d’occupation sont difficilement datables. Des populations amérindiennes s’y étaient installées ; plus tard, les colons français y débarquent, un pénitencier y est même construit en 1852, pouvant accueillir jusqu’à 600 détenus. Une épidémie de fièvre jaune ravagera l’îlet vingt ans après l’arrivée des premiers bagnards et le site est abandonné. Finalement, en 1981, l’Institut Pasteur de Guyane établit un élevage de saïmiris sur l’île, les singes étant réservés pour le prélèvement d’un sérum servant à l’élaboration d’un traitement anti-paludique. En 2001, l’Institut se retire : les saïmiris restent alors les seuls habitants de l’îlet la Mère, appelé également îlet aux Singes. Désormais sous la tutelle du Conservatoire du littoral, l’Ilet la Mère fait partie d’un petit archipel de six îles appartenant à la commune de Rémire-Montjoly : l’Ilet le Père, le Malingre, les Mamelles (deux îlets) et l’Enfant Perdu. "D'après la légende, l'îlet le Père et l'îlet la Mère se promenaient un jour avec leur progéniture au large de la Guyane, quand ils furent surpris par un raz-de-marée qui les poussa sur les côtes, et les fit s'échouer sur les fonds de vase de Rémire. Leurs deux filles les suivirent (aujourd'hui appelées îlots des Mamelles) mais leur plus jeune fils disparut. Leur serviteur, le Malingre, envoyé à sa recherche, s'arrêta non loin à bout de force. Ce n'est [...]

Par |3 juin 2014|Aurélie|4 Commentaires

Le retour – Vestiges

Vif lecteur, pour mon absence excuser, Ce poème affligé veux bien trouver. Sans lien pour transmettre toutes ces émotions, Allègrement j’enfourchai mon crayon Et dégainai mon filet à images. De mes joies le nez vers les nuages, Tu trouveras des récits enchantés Et la venue de notre ami l’été. _______ Aux abords du muséum d'histoire naturelle, un discret bâtiment s'élève du sol nantais. Le musée départemental Dobrée, du nom de son illustre concepteur, est un lieu d'art, d'archéologie et d'histoire. Ours et volatiles y cohabitent en toute quiétude Thomas Dobrée, doté d'un géniteur fort riche, se retrouva en 1828 à la tête d'une immense fortune, qu'il consacra à l'acquisition de mobilier et œuvres d'art du Moyen-Age et de la Renaissance, périodes qu'il affectionnait particulièrement. Pour abriter ses collections (sa cave n'y suffisait plus), il décida d'ériger un grand palais d'inspiration médiévale sur des parcelles dites du "domaine des Irlandais", grand jardin fuyant en pente douce vers la Loire. Relique de ces origines verdoyantes Le palais est caractérisé par une tour carrée sur laquelle l'ami Dobrée a fait graver l'inscription bretonne "Ann dianaf a rog ac'hanoun", autrement dit " L'inconnu me dévore ", inscription surmontée d'un charmant dragon cramponné à un cœur de pierre rouge (craindrait-il de chuter?). Styles roman et gothique s'entremêlent joyeusement sur ces lieux. Le-dit lézard et son rubis Cette image m'évoque l'expo d'Emmet Gowin qui se tenait à Madrid l'été dernier (http://dispara.org/tienda/699-4074-thickbox/emmet-gowin.jpg) Au sein du parc d'un hectare se dressent également le manoir de la Touche et le bâtiment Voltaire. Le manoir de la Touche date du 15ème siècle, tandis que le bâtiment Voltaire, érigé dans les années 70, abrite l'exposition permanente d'archéologie régionale. Cet édifice s'est mué en musée grâce aux [...]

Par |3 juin 2014|Flora|5 Commentaires

L’énigme d’El Niño

Lorsque je suis arrivée en Guyane, je n’avais qu’une crainte : souffrir de la terrible saison des pluies et son apogée aux mois de mai et juin. Ici, les averses tropicales ont de quoi faire frémir… La hauteur moyenne annuelle des précipitations plafonne à 3000 mm quand Paris affiche une hauteur de 650 mm par an !  Grossièrement, on peut diviser le climat équatorial guyanais en deux saisons : la saison des pluies, s’étendant entre mi-novembre et début juillet ; et la saison sèche le reste de l’année, avec un pic de chaleur en octobre.  Ci-dessous, les moyennes annuelles en termes de température et pluviométrie à Cayenne : On observe généralement au mois de mars une brèche dans la saison humide où les jours de ciel bleu reprennent le dessus sur la pluie : c’est le petit été de mars. Cependant, durant la grande saison des pluies – période de mon stage - les averses violentes peuvent provoquer des inondations et rendre les routes impraticables. Le mois de juin, le plus pluvieux, est d’ailleurs le mois de fermeture annuelle des commerces. De quoi être prévenu ! Cette année, le petit été de mars s’est bien senti, suite aux mois pluvieux de janvier et février. Le souci, c’est que le ciel bleu s’est maintenu depuis, le soleil entrecoupé de quelques averses violentes… mais pas de quoi annoncer la grande saison des pluies ! Aubaine pour les vacanciers et les week-ends excursions, mais une catastrophe pour les agriculteurs et les écosystèmes si la sécheresse venait à s’attarder. Pour expliquer ce phénomène, un mot revient sur toutes les lèvres, empreint de mystère : El Niño. A force d’entendre prononcer son nom, j’ai fait mes petites recherches… Lumière sur un phénomène aux répercussions planétaires ! Alors qui est El [...]

Par |30 mai 2014|Aurélie|2 Commentaires

Coup de pagaie en forêt inondée

A trois jours du départ pour Saül et la rando en forêt, me voilà obligée de tirer une croix sur l’aventure. La Guyane ne se laisse pas découvrir si facilement… Comme tant de gens avant moi, me voilà frappée par un mal inconnu. Fièvre, frissons, chute de tension : un moustique serait passé par là ? Visite éclair chez le médecin après une nuit difficile et un malaise le matin même. Pourtant, je ne présente aucun des symptômes typiques du palu. Mes anticorps parleront à ma place : direction l’Institut Pasteur pour une prise de sang. La réponse survient le lendemain : rien. Négatif. Ni palu, ni dengue. En réalité, les symptômes correspondraient à un parasite. Un ver dans mon ventre ! Les joies perverses de la Guyane ? Quoi qu’il en soit, la bestiole a beau avoir réduit en poussières mes espoirs pour Saül, elle ne m’obligera pas à rester enfermée tout le week-end. Car ce samedi, je m’en vais pagayer sur la crique Gabriel ! Présentée comme la plus belle de Guyane, la crique Gabriel est située à 35km à l’est de la ville-capitale de Guyane et se jette dans le Mahury, dont l’estuaire dessine les frontières de l’île de Cayenne. Elle traverse marécages, savane inondée et forêt, s’ouvrant au fil de l’eau à des paysages très différents… et de ce fait, à une faune diversifiée. Singes, oiseaux essentiellement et même, avec un peu de chance, la vision furtive d’un morpho ! Le rendez-vous, point de départ de la balade, est fixé à 8h à Roura, bourg créole situé à l’est de Cayenne, à 40min de voiture environ. Nous formons un groupe de sept, avec mes colocs et des amis. Arrivés au carbet, gilets de sauvetage et touques sont distribués. [...]

Par |25 mai 2014|Aurélie|3 Commentaires

L’enfer du bagne #2 – les Iles du Salut

Au nombre de trois, elles montent la garde au large de Kourou. L’histoire les a affublées de nombreux noms… Retour historique sur l’implantation d’un enfer au paradis. La Guyane a longtemps résisté à toute tentative d’occupation, mises à mal par les conditions de vie difficiles sur place, alliant fièvre jaune, mauvais rapports avec les peuples Amérindiens et dissensions au sein même des colonies. En 1763 cependant, la France décide de frapper un grand coup pour bâtir une colonie européenne d’agriculteurs dans l’ouest : c’est l’expédition de Kourou. Près de 12 000 colons débarqueront entre 1763 et 1765 ! Cependant, paludisme, fièvre jaune et typhoïde déciment la nouvelle colonie. Seuls 1800 d’entre eux choisiront de rester sur les terres du littoral, trouvant refuge sur les trois îles au large de Kourou, rebaptisées îles du Salut après qu’ils aient retrouvé la santé. Sur ces minuscules îlots de terre entourés par des courants violents, plus un moustique : c’en était fini des maladies qui décimaient les colonies. Les trois îles devinrent alors le refuge des survivants. Un salut éphémère… Bien plus tard (1793), la Première République y construit une forteresse pour accueillir les premiers déportés politiques : les îles prennent alors le nom de triangle maudit. Finalement, c’est en 1854 que l’administration pénitentiaire marque à jamais leur histoire en y instaurant l’un des bagnes les plus sévères au monde – mais l’un des moins durs de Guyane. Près de 70 000 prisonniers y seront envoyés ! L’archipel, composé de trois îles, réunit en effet toutes les conditions nécessaires : petit, il est facilement surveillé, bénéficie d’un climat sec et ventilé donc très salubre, et est entouré de requins freinant toute tentative d’évasion… les squales étant attirés par le sang déversé dans la mer depuis l’abattoir situé [...]

Par |17 mai 2014|Aurélie|4 Commentaires

Australia, land of contrasts

Je suis tombé par hasard sur des photos de mon voyage en Australie et je me suis dit : «  Mais j’ai encore plein d’articles à écrire ! » Alors je m’y mets ! Ce pays me manque. Ne vous méprenez pas, la ville dans laquelle je vis actuellement me plaît beaucoup. Et oui, je suis Nantaise désormais ! Mais je vous emmènerai, pendant quelques temps encore, sur les terres rouges australiennes. Vendredi 16 août 2013 Quatre jours de pure aventure à venir ! J’ai réservé une excursion de 4 jours ! A moi la côte australienne, les paysages désertiques, les étendues sauvages – en route pour Monkey Mia ! C’est donc à 6h00 du matin que je me réveille (difficilement) pour rejoindre le lieu de rendez-vous du groupe, la Bell Tower. Arrivée près de la tour, je croise un groupe de personnes vêtues de chaussures de marche, de sacs à dos et d’oreillers, pas de doute c’est bien mon groupe. Cette information se confirme lorsque je remarque la présence d’un homme coiffé d’un chapeau d’aventurier, d’un short (alors qu’il fait super froid !) et de chaussures de marche : le cliché de l’aventurier aussie ! Je fais la connaissance des gens composant mon groupe : il y Harietta, une femme de petite taille de 31 ans vivant aux Pays-Bas ; Annie, une femme française reconnaissable à son accent et Franziska, une jeune femme suisse mais de la zone allemande. Mes premières rencontres sur ce voyage. Nous attendons impatiemment notre bus dans le froid. Il arrive enfin ! Nous mettons nos affaires à l’arrière et nous installons dans notre véhicule. Notre guide entre à notre suite, elle aussi très australienne : blonde, type surfeuse et surnommée Shaz. Après de courtes présentations, nous voilà partis sur les routes. Voici le chemin [...]

Par |17 mai 2014|Dorine|3 Commentaires

L’enfer du bagne #1 – les camps forestiers

Avant d'entamer cet article, petit retour historique sur la Guyane de la seconde moitié du XIXe siècle... alors gigantesque administration pénitentiaire (AP). Source : http://lesangesgardiens-ap.blogspot.com Lorsqu'en 1848, le Code Noir (1685) - dictant les rapports entre les maîtres et esclaves - perdit toute valeur, l’économie coloniale française, reposant alors depuis près de 200 ans sur une société esclavagiste, fut sectionnée en deux. Seule solution pour pallier au manque de main d’œuvre et relancer le développement de la Guyane : faire de la colonie un lieu de déportation où seraient envoyés opposants politiques et délinquants issus de la métropole. Les bagnes sont créés. L'année 1854 signe le début de l'enfer. La population pénale est écartée de métropole et transportée dans les colonies, jusqu’en Guyane, pour y être condamnée aux travaux forcés jugés rédempteurs : ces déplacements massifs sont appelés transportation. Au-delà de huit ans de peine, les condamnés restent à vie ; en-dessous, ils pouvaient retourner en métropole une fois leur peine accomplie. A ses débuts, la commune pénitentiaire s’étendait le long du littoral, son camp central basé à Saint-Laurent-du-Maroni. Les conditions de vie étaient terribles, chaleur et maladies emportant les vies de nombreux forçats, sans oublier la malnutrition sévissant dans certains camps et l’hygiène précaire. L’espérance de vie moyenne dépassait rarement les 5 ans. Parmi les bagnes les plus célèbres, celui de Cayenne ou celui de Saint-Laurent-du-Maroni. On peut également citer le bagne des Iles du Salut. Cependant, les camps les plus terribles restaient les camps forestiers – baptisés camps de la terreur. Un homme sur deux n’en revenait jamais. Moustiques, insalubrité et malnutrition… Le rythme de travail, abattage d’arbres, y était insoutenable. Finalement, en 1938 est signée l’abolition de la transportation de la population pénale depuis la [...]

Par |10 mai 2014|Aurélie|4 Commentaires

Forêt, sable et océan – le sentier de Bourda

En ce jour férié, fête du travail, j’ai décidé de repousser ma grasse matinée au lendemain. Au programme : profiter de la fraîcheur de l’aurore pour explorer l’un des sentiers du littoral de Cayenne, le sentier de Bourda, à dix minutes en vélo de la maison ! En plein cœur des lotissements de la ville et surplombant la mer, s’élève le mont Bourda, l’un des massifs rocheux de l’île de Cayenne. Recouvert d’une forêt tropicale secondaire, c’est également un lieu de pèlerinage : le mont possède en effet son calvaire – crucifix – dont l’un des chemins qui y mène est un chemin de croix. A 6h exacte, je quitte la maison en vélo. L’air vibre au son du festival de reggae qui s’est poursuivi toute la nuit et ce, deux jours durant, mais je ne m’y dirige pas, préférant prendre le chemin de la plage. Sur la route, la pluie. Voilà un aléa dont je me serais bien passé : j’ai signé pour un lever de soleil, pas pour une douche matinale ! Heureusement, l’averse bat le pavé quelques minutes puis s’évanouit et je peux quitter mon abri, roulant sur la route désormais inondée. En Guyane, les pluies ne pardonnent pas : traverser la route quand c’est la douche et vous êtes trempés en atteignant le trottoir d’en face, averse tropicale oblige. Les joies de la saison des pluies ! Enfin, j’atteins la plage. Un rideau de nuages gris barre l’horizon, m’empêchant d’assister au lever du soleil sur l’eau proprement dit mais j’ai droit au spectacle du ciel qui s’éclaircit et aux troupeaux paresseux de nuages qui s’embrasent. Et puis, après une vingtaine de minutes tout au plus, la boule de feu finit par s’élever au-dessus des nuages… C’est le signal : [...]

Par |3 mai 2014|Aurélie|5 Commentaires